À l’ombre
production le Préau CDR de Vire
mise en scène
philippe delaigue
texte Et Chansons
pauline sales
commande d’écriture de la fédération (2009)
Avec À l’Ombre, c’est la troisième fois que
Philippe Delaigue passe commande à
Pauline Sales qu’il considère comme l’un
des auteurs français les plus intéressants de sa génération.
A l’Ombre met en scène trois collaborateurs de Bertolt Brecht, Marianne, Hans et Walter, librement inspirés de certains compagnons de route du grand dramaturge (Elisabeth Hauptmann, Margarete Steffin, Hanns Eisler, mais aussi Walter Benjamin). La pièce commence en RDA dans les années soixante-dix dans l’ancien atelier d’écriture où quelqu’un (enquêteur, agent de la Stasi, universitaire, double de l’écrivain, représentant du public ?) vient questionner les trois protagonistes à propos d’un opéra non signé, l’Opéra des Ombres. On les retrouve alors en 1932 dans ce même atelier en train d’écrire ce texte alors que Brecht est absent. Opéra parodique de la forme brechtienne (notamment de l’Opéra de quat’sous) où trois personnages (le rabatteur, l’amoureuse et l’observateur) racontent les rapports complexes faits d’admirations, de passions, de jalousie et d’aliénation qui les unissent à l’écrivain. Comment parler de ce statut si particulier de collaborateurs artistiques à l’ombre d’un grand homme ? Comment évoquer cette forme de servitude volontaire où l’on est à la fois révélé et assujetti par un être ? Sur fond de montée du nazisme, la pièce de Pauline Sales questionne ces relations dévorantes chez des êtres emportés dans la passion du monde et pris dans l’urgence de la lutte politique.
→ intention
À l’ombre nous fait traverser le miroir
et visiter l’envers du décor.
Pour une fois : ne pas être attiré par la lumière,
mais basculer dans l’ombre et ses secrets.
J’ai travaillé à plusieurs reprises sur l’œuvre passionnante de Marieluise Fleisser et notamment sur ce petit récit, âpre et triste, qui s’intitule Avant-garde. Ce texte raconte la rencontre de la jeune écrivaine Fleisser avec le déjà grand Bertolt Brecht, leur collaboration artistique et leur histoire d’amour qui finit mal. Nous savons que Brecht entretint de fructueuses collaborations artistiques et intellectuelles avec certaines de ces maîtresses lesquelles y laissèrent souvent plus que des plumes. J’ai alors décidé de commander une pièce à Pauline Sales, compagne de théâtre de longtemps, s’inspirant d’Avant-garde.
À l’ombre nous fait traverser le miroir et visiter l’envers du décor. Pour une fois : laisser de côté la lumière et basculer dans l’ombre et ses secrets. S’attarder sur ce qu’il y a derrière les apparences, les personnes et les relations. À l’ombre nous interroge sur notre envie de lumière, notre besoin de reconnaissance, notre place dans la société ou dans le cœur de l’autre. Notre peur la plus profonde n’est sans doute pas d’être dans l’ombre : Être dans l’ombre, c’est aussi pouvoir rester enfant, continuer de jouer sous la table pendant que les grands s’ennuient lors de dîners interminables. Peut-être avons-nous peur de réclamer notre part de lumière car nous pressentons qu’alors nous pourrions être abandonnés. Quel pacte scellons-nous avec autrui ? Quelle promesse tacite préside, parfois, à nos relations amoureuse, sociales ou politiques ? Combien de statues avons-nous érigées dans nos vies ? Et combien de temps avons-nous passé à l’ombre des statues que nous avions nous-mêmes posées sur leur socle ? Que faisons-nous de nos alliances et que font de nous nos alliances ?
Il est parfois plus facile de se reconnaître ou se découvrir lorsque l’on regarde les autres. À l’ombre nous emmène donc dans le Berlin des années 30 ou la RDA des années 70 et s’inspire librement des collaborateurs et collaboratrices de B. Brecht.
—
Philippe Delaigue
→ équipe
mise en scène
Philippe Delaigue
texte
Pauline Sales (commande d’écriture de La Fédération, direction Philippe Delaigue)
collaboration artistique
Sabrina Perret
direction chant
Sylvain Stawski
avec
Sabrina Perret, Sylvain Stawski, Vincent Garanger.
composition musicale
Sandrine Marchetti
scénographie
Stéphanie Mathieu et Amandine Fonfrède
Création lumière et régie
Thierry Opigez
création son
Philippe Gordiani
création maquillage
Mireille Sourbier
costume
Cara Marsol
construction décors
Frédéric Lefèvre, Ludovic Rousé (Le Préau C.D.R.)
photos
Juan Robert
administration
Magali Fasula (Le Préau C.D.R.)
diffusion
Kathe Stäcker (La Fédération)
→ production
création
2010 le Préau
CDR de Vire et La Fédération
production
Le Préau – CDR de Vire.
Coproduction La Fédération.