Cahier
d’histoires #1

Mise en scène

Philippe Delaigue et Olivier Maurin

textes

Pauline Sales, Sarah Fourage,

David Lescot, Daniel Keene (trad. Séverine Magois)

Commande d’écriture de La Fédération (2008)

Présentations

Cahier d’histoires #1
est un titre générique pour 4 pièces

Léa Lapraz

de Pauline Sales

La pièce se passe au C.D.I. et questionne l’amour.
On s’y demande si l’amour n’est qu’un jeu ou s’il est plus fort que les tabous, en tout cas ce qui est sûr c’est qu’il fait basculer des vies. On en sort abasourdis, révoltés ou compatissants mais toujours remués…


On est des Fanions

de Sarah Fourage

On est des fanions se joue dans la cour et aborde la politique.
Avec On est des Fanions, on est ballotté entre bonne et mauvaise conscience, entre philanthropie et manipulation, entre rire et violence pour peut être, un jour, juger moins vite…


Réfection

de David Lescot

La pièce met en scène le réfectoire et parle de la mort.
Dans Réfection, on est sûr de rien : c’est quoi la mort ? c’est le paradis ou l’enfer ? c’est la drogue, la maladie… Ou la bouffe de la cantine ? Ce qui est certain c’est qu’on prend le parti d’en rire…


La Visiteuse

de Daniel Keene

La visiteuse a pour décors la salle de classe et raconte le désir d’ailleurs.
On assiste à une rencontre étrange entre un homme et une femme, qui n’ont rien en commun si ce n’est d’avoir été dans le même lycée et de porter encore, chacun à sa manière, les blessures de leur adolescence. On est pris par cette rencontre où le présent et le passé se mêlent, on les comprend parce qu’on les reconnaît : ils étaient ou ils seront nous …

→ intention

Faire de l’étrange

avec du familier

Ce que Cahier d’histoires m’a appris (ou plutôt doucement rappelé à l’oreille) c’est que pour que le théâtre nous parle, nous concerne, devienne en un mot efficient, il faut qu’il nous permette de nous regarder. Nous regarder ne signifie pas nous voir : cela n’importe quel miroir de poche s’en acquittera sans problème. Non, nous regarder signifie savoir que celui que nous regardons, c’est moi. Ou : c’est moi aussi. En avoir conscience. Il ne s’agit pas de nous reconnaître. Cela, encore une fois, le miroir etc. Il s’agit de ne pas nous reconnaître tout à fait. Si nous ne nous reconnaissons pas tout à fait, nous essayons de comprendre où est la différence, où se mesure l’écart et c’est dans cet effort, qui peut être un effort inquiet, amusé voire libérateur que se mesure, je crois l’efficience du théâtre.

En débarquant dans un lycée et dans ses lieux devenus familiers, nous cherchons, avec très peu de moyens – un bout de décor, une lumière, une musique – à produire un effet d’incongruité, de bizarrerie, un très petit décalage qui fait de ce familier une étrangeté et amène les lycéens à se trouver dans ce qui les sépare de ce qu’ils voient.

De la même manière, je ne crois pas que nous ayons grand intérêt, dans le même effet de miroir, à leur parler d’eux à travers les œuvres que nous leur présentons. Parler d’eux, ils peuvent le faire entre eux. Nous essayons plutôt, les auteurs ont essayé (et c’est je trouve vraiment réussi de leur part) de partir d’eux. Ce mot dit très bien la réalité de ce travail d’écriture : partir des lycéens. Prendre un morceau de leur réalité et partir avec, l’emmener ailleurs, dans un endroit qu’ils ne reconnaîtront pas tout à fait mais qui ne leur sera pas pour autant radicalement étranger.

Nous avons essayé de permettre à de jeunes adultes de se regarder et nous aimons croire que se regarder, c’est aussi grandir.

Philippe Delaigue

 

Il a toujours été important que ma pratique soit un dialogue entre le travail que nous réalisons sur les plateaux de théâtre et tout ce que nous pouvons imaginer pour aller à la rencontre des gens à qui nous nous adressons, là où ils sont.
C’est important comme l’est l’éducation artistique et j’aime ces projets qui proposent que le théâtre ne reste pas forcément dans des lieux où certains ne se reconnaissent pas.
Dans ce premier opus des Cahiers d’Histoires, j’ai travaillé deux pièces commandées par La Fédération à Daniel Keene et Pauline Sales ; deux propositions à placer dans un lieu singulier du lycée (la salle de classe et le C.D.I.) et deux sujets dont on prend conscience avec vigueur à cet âge de la vie (l’amour et le voyage ou « partir d’où on est »). Ça me touche en tant qu’adulte qui a vécu ce moment et d’en sentir les traces en moi, mais aussi en tant que père qui voit ses enfants rencontrer leur pensée et leur corps de jeunes adultes.
La pièce de Daniel Keene, je peux la prendre sous ces deux angles : y a-t-il comme un point d’origine secret où je pourrais retourner pour comprendre qui je suis maintenant, et qu’est ce que je deviendrai à partir de ce que je suis aujourd’hui ? Mais y a-t-il quelque chose à chercher ou à projeter hors du présent ?
Le texte de Pauline Sales révèle une relation amoureuse que la société jugera coupable entre une jeune lycéenne et son professeur. Et cela reste finalement une question sur le mystère d’une rencontre, sur cet instant au cœur de notre vie où l’on choisit d’entrer dans une relation amoureuse en dehors de toute réflexion, compréhension, ou morale.
Il y a un intérêt tout particulier à ce que la représentation se déroule dans le lycée, dans les lieux mêmes où se jouent ces histoires. Le théâtre, la fiction, doit se recréer en retrouvant la séparation et la distance juste entre le spectateur et les acteurs, cette séparation qui permet de voir. Cette juste distance est aussi un des enjeux de ce travail théâtral.

Olivier Maurin
→ équipe
textes

Pauline Sales, David Lescot, Sarah Fourage, Daniel Keene – traduction Séverine Magois.

mise en scène

Philippe Delaigue et Olivier Maurin

collaboration artistique

Sabrina Perret

avec

Véronique Kapoïan, Dag Jeanneret, Sabrina Perret, Nicolas Oton,
Sarah Fourage et Brice Carayol.

lumière et régie générale

Thierry Opigez

scénographie

Stéphanie Mathieu et Amandine Fonfrède

costume

Cara Marsol

création sonore

Alain Lamarche

photos

Juan Robert

→ photos

→ production
création

Cahier d’histoires #1 a été créé en janvier 2009 au lycée Jean-Baptiste Dumas d’Alès,
Le Cratère – Scène Nationale D’Alès.

Production

La Fédération

coproduction

Le Cratère – Scène nationale d’Alès, compagnie Machine Théâtre.