le mur

texte & mise en scène

philippe delaigue

Présentation

Deux créatures entrent dans le noir. Ébahies. Perdues.
Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Comment êtes-vous venus ici ?
Les deux créatures baragouinent, tripatouillent, fabulent et l’histoire qu’elles racontent ressemble soudain étrangement à la légende des amoureux babyloniens, Pyrame & Thisbé, les amants qu’un mur séparait (les murs, déjà !)
Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Comment êtes-vous devenus ?
C’est une histoire de métamorphoses : autrefois, ces deux-là étaient sûrement un homme et une femme. Exilés de tout pays, déchus de toute condition, les voilà clowns, ne reconnaissant rien de ce que fut leur monde et faisant de ce spectacle inconnu la source même de nouveaux enchantements.

Le clown, avant de devenir clown, était sûrement un homme, une femme : quelqu’un d’attaché à une vie repérable, racontable, une illusion de vie définissable comme nous en vivons tous et puis, un jour, cet homme, cette femme, est tombé. Ce n’était pas forcément une grosse chute, mais elle était suffisante en tous cas pour que, se relevant, cet homme, cette femme, se découvre un nez rouge lui éclaboussant le visage. Le signe de sa chute, de sa déchéance. La chance aussi d’une autre manière de se raconter et de raconter le monde. Une mise en grâce de l’accident qui nous amène à nous dépouiller de nos identités factices pour rejoindre un devenir beaucoup plus vaste, un grand récit, la minuscule et persistante veilleuse des lucioles.

 

→ intentions

« Un jour, j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers. (…)
Avec la sorte de courage qu’il faut pour être rien et rien que rien,
je lâcherai ce qui paraissait m’être indissolublement proche. »

Henri Michaux
Peintures (1939) in L’espace du dedans,
Poésie/Gallimard, 1966


Naissance du projet

La genèse de cette nouvelle création naît du désir de l’équipe de prolonger la vie d’une de ses Petites mythologies — déjà appelée Le Mur — qui a révélé une nouvelle étape dans l’écriture de Philippe Delaigue, celle du clown de théâtre. Pour la première fois, son écriture ne s’origine plus dans un thème, dans la commande d’un théâtre ou dans sa propre inspiration. Pour la première fois, ce qui l’inspire, c’est une voix, un corps, une façon de parler et de voir le monde auxquels il prête ses mots en espérant que ces voix et ces corps s’en emparent et y trouvent vie et grâce. Cette inspiration vient également de cette part d’enfance que nous avons tous, mais à laquelle nous nous dérobons le plus souvent par paresse et pesanteur. « Tenter de trouver un accès jusqu’à elle et pouvoir y résider le temps de l’écriture, c’est une tâche ardue, mais exaltante » dixit l’auteur.

 

Le Clown :
un personnage ou une figure,
un état, un caractère ?

« Sur ces questions‑là, nous avançons avec beaucoup de prudence, et en se fiant au plateau : le plateau étant en la matière l’arbitre final de toutes ces questions. On peut peut‑être dire qu’il y a Maurice et Nardimou. Comment se définissent‑t‑ils ? Quelle est leur histoire ? Ils n’ont pas d’histoire. D’histoire au sens biographique, psychologique, social, territorial du terme. N’ayant pas ce type d’histoire, ils sont de toutes les histoires possibles, à commencer par l’histoire de notre espèce. Ils ont un costume, une voix et, peut‑être que ce costume, cette voix, cette allure, leur donnent une sorte de manière d’être, une esquisse de sociabilisation, un rapport au monde mais un rapport non cérébral, immédiat, sans filtres ; c’est en cela qu’ils se rapprochent de l’enfance.

Cette absence d’identité repérée leur laisse la possibilité d’incarner des autres. Des autres désignés comme autres mais qui ne cessent jamais d’être en même temps eux‑mêmes, comme si tous ces autres, ce monde, existaient en eux depuis toujours, comme dans une sorte de visage universel. »

Philippe Delaigue

Le Clown :
une créature qui ré‑enchante

Écrire pour le clown est un exercice particulier pour l’auteur. Il faut se mettre à sa hauteur et voir le silence, la fragilité, la violence, l’enfance contenue dans la bouche et le corps du clown. Car il se trompe, échange des voyelles, des syllabes, maltraite le langage et en révèle ainsi les rouages et la beauté. Chaque clown est un poème à lui tout seul. Il ouvre un champ des possibles vertigineux. Il peut tout devenir, se transformer, mourir et renaitre. Le clown est invincible. Le clown est un rêve.

C’est dans son envie d’être que le clown tient toute sa force ; dans sa tragédie à « ne pouvoir être » qu’il tient toute son humanité et sa beauté. Le clown pourrait bien être issu du désenchantement. Mais c’est précisément parce qu’il incarne ce rapport à l’échec avec férocité, et aussi avec tendresse et joie, que le clown nous réconcilie avec nous‑même, ré‑enchantant notre rapport au monde le temps d’un spectacle.

Comme dirait Kantor : « Je crois qu’un tout peut contenir côte à côte barbarie et subtilité, tragique et rire, qu’un tout nait de contrastes et plus les contrastes sont importants, plus ce tout est palpable, vivant. » C’est cela, pour moi, le clown. »

Léa Menahem
→ Cie Transports en commun

La Cie TEC est créée en 2016 à l’initiative de Léa Menahem qui fait le choix d’orienter sa recherche vers une figure particulière : « le clown de théâtre ». La démarche de cette jeune équipe s’appuie sur la vision d’un clown porteur d’une langue théâtrale d’aujourd’hui, capable de vivre dans des univers multiples, énigmatiques, capable de traiter de sujets sensibles et durs, frappant aux points sensibles de notre humanité et de notre condition. Faire du clown lui‑même une figure contemporaine, acteur d’une mise en scène contemporaine, sur un texte dramatique et contemporain : un personnage de théâtre à part entière.

La rencontre avec Catherine Germain lors d’un stage de 3 semaines à l’Ensatt ‑ et la représentation du Sixième Jour qui lui révèle, à l’âge de 10 ans, l’extraordinaire Arletti ‑ sera déterminante dans le choix de Léa Menahem. Cette découverte s’enrichira de formations avec Alain Reynaud et Heinzi Lorenzen, jusqu’à prendre corps avec l’écriture de Philippe Delaigue.

« Pour moi, les clowns ce sont des étrangers qui arrivent dans un monde qu’ils ne connaissent pas. Ils font ressurgir à la fois l’enfant universel, les fantômes et les morts. Les clowns ce sont ceux qui restent. Ceux qui naissent des restes. Ceux qui ont survécu quand tout a disparu. Éternels marcheurs sur le toit du monde. Ce sont ceux qui fuient. Ceux qui ont traversé la mer. (…) Éternels errants. »

Léa Menahem

« Écrire pour des clowns, c’est comme se permettre de revenir en arrière, de casser tout ce que l’on aurait dû casser, d’embrasser, remercier qui on aurait oublié de remercier, tuer qui on aurait oublié de tuer. C’est réécrire l’histoire, réécrire notre histoire et nous délivrer ainsi de cette fiction à laquelle nous croyons tant pour notre plus grand malheur, pour en faire un petit poème à lire le soir, juste avant de s’endormir. »

Philippe Delaigue

→ équipe
texte & mise en scène

Philippe Delaigue

jeu

Léa Menahem, Jimmy Marais

LUMIÈRES

Sébastien Marc

scénographIE

Camille Allain Dulondel, Sébastien Marc

CONCEPTION COSTUMES

Léa Menahem, Jimmy Marais

RéALISATION COSTUMES

Adélie Antonin

SON

Philippe Gordiani

VOIX

Anne de Boissy, Sylvain Bolle‑Reddat, Enzo Cormann

Régie lumière

Pierre Langlois

RéGIE GéNéRALE

Pierre Xucla

REMERCIEMENTS

Quentin Bardou

→ production
production

La Fédération – cie Philippe Delaigue.

Coproductions

Cie Transports En Commun  
Château Rouge – Scène conventionnée d’Annemasse
Le Cratère – Scène Nationale d’Alès

Avec le soutien de la Spedidam
→ presse
presse

Article de Véronique Hotte

 

Télécharger l’article (pdf 430 ko)

commentaires Billet Reduc
du Festival Off d’Avignon 2019

 

Une très très bonne surprise ! (10/10)

Nous avons choisi ce spectacle un peu au hasard et ne savions pas à quoi nous attendre. Résultat, nous avons passé un excellent moment et c’est de loin le meilleur spectacle que nous avons vu de la journée !! Deux personnages drôles, intrigants, émouvants, atypiques, une mise en scène originale et un scénario qui nous tient en haleine jusqu’au bout. Nous avons adoré et le recommandons !!

— 

Superbe et plein d’humanité !

Une belle surprise, le couple de clowns le plus talentueux du Off 2019, ils sont attachants et sincères.

— 

Affiche mystère (10/10)

Affiche mystère pour un spectacle mystérieux… Ça bouge… C’est dôle un peu fou !!!! C’est vraiment merveilleux.

— 

Bravo ! (10/10)

Étant un peu fâchée avec les clowns, j’avais un peu d’appréhension avant le spectacle. Mais comme c’était beau !! Drôle, touchant, superbement écrit, poétique, avec deux acteurs très doués… Quelle belle histoire. A voir et à revoir avec bonheur : une pépite du festival !

— 

Ils ont pété les plombs, et c’est tant mieux ! (10/10)

Tendre, déjanté, surprenant !

— 

Déjanté, resplendissant ! (09/10)

Clowns burlesques, tendres et plein d’humour d’amour. Une histoire très ancienne et pourtant très actuelle, contée avec brio et modernisme. Enfants et grands, n’hésitez pas ! Une heure de bonheur.

— 

Breaking the wall (07/10)

Ce spectacle mélange plusieurs genres et c’est une réussite. Les deux comédiens clowns nous démontre l’absurdité des murs. La notion de barbare à la romaine est rudement mise à mal. L’accueil des réfugiés est aussi traité avec subtilités. C’est un bon moment pour commencer le festival d’Avignon.

→ galerie
calendrier