Tirésias
texte & mise en scène
philippe delaigue
Présentation
Dans son antre atemporel, Tirésias, créature androgyne sans yeux ni âge, rend ses oracles via internet en compagnie de sa fille. Jamais il ne se trompe dans ses prédictions. Plus clairvoyant que les voyants, il entend. Tout. Et même beaucoup plus. Alors qu’il était jeune homme, il a connu, à la faveur d’incidents somme toute banals, les deux conditions d’homme et de femme. Cette connaissance inédite des deux sexes l’amena à trancher une querelle opposant Zeus à sa femme Héra, lesquels tentaient de distinguer qui, des hommes ou des femmes, tiraient la plus grande jouissance des plaisirs sensuels. Le jugement de Tirésias déplut tant à Héra que celle-ci le priva de la vue. Zeus dédommagea le jeune homme de cette cécité en lui donnant le don de prophétie ainsi qu’une « longue vie ». Longue en effet, puisqu’à son grand désespoir, Tirésias vit toujours.
Il sait qu’il n’est point de meilleure prédiction que l’examen du passé et pioche dans toutes les grandes histoires dont nous ont nourris Ovide et Sophocle pour raconter l’éternel recommencement de nos erreurs, de nos angoisses, de nos chimères et de nos amours. S’il semble avoir perdu de sa superbe depuis le temps d’Homère, tout bascule le jour où le jeune Léo le consulte sur ses idées suicidaires. Le devin s’éveille alors et décide de proposer à cet adolescent mélancolique plusieurs morts possibles, toutes tirées des Métamorphoses d’Ovide, avec sans doute le secret espoir de le décourager de ses projets.
Le vieux grenier étriqué résonne dès lors de mille espaces de liberté, pour se déployer, comme notre imagination. De concert avec eux, nous expérimentons toutes sortes d’amours et de morts tragiques, comiques, apocalyptiques, et surtout l’infini potentiel d’une vie.
→ intentions
Philippe Delaigue
«Fermons les yeux une minute, écoutons le monde autour de nous ; la rumeur, les silences, les pulsations, les rythmes insoupçonnés, les ultrasons ou infrabasses, le flot incessant d’objets différents qui simultanément composent une symphonie sonore dont le regard nous prive. Du moment qu’on ferme les yeux, les sons nous racontent que nous sommes dans un monde vivant. C’est le monde de Tirésias, celui de l’écoutant qui traduit sa perception auditive en histoires, en récits. Ce personnage de devin aveugle est celui qui voit mieux le monde, parce qu’il l’entend. Durant sa très longue existence, il a emmagasiné tout un répertoire de sons qu’aucun dictionnaire, aucune bibliothèque ou encyclopédie ne sauraient receler. L’aède avait sa Lyre, Tirésias a ses machines sonores. Mais la question demeure, est-ce la vibration de la corde qui nous fait raconter, ou est-ce le récit qui nous donne à entendre la vibration de la corde ? Cette magie de réciprocité qui peut exister entre les mots et le son est au coeur de mon travail depuis plusieurs années. Je dis le son, mais je pense musique car il me semble que nous sommes en pleine mutation, pour citer Makis Salomos «Le son est devenu un des enjeux majeurs de la musique…. nous sommes en train de passer d’une civilisation musicale centrée sur le ton à une civilisation du son.» Pour créer la musique de Tirésias, je me sers d’enregistrements, les cordes de guitare, le field recording, les synthétiseurs analogiques et l’ordinateur, dans la même démarche que les compositeurs de musique concrète, puis je transforme ces enregistrements pour créer de l’inédit . Le son est mis en scène, spatialisé pour immerger le spectateur. Ce n’est pas l’effet de réalisme que nous visons, mais la perception subjective d’une oreille surnaturelle, celle de ce personnage. Nous cherchons à faire entendre le monde comme lui le perçoit, avec la sagacité, la poésie d’un homme, devin, plusieurs fois millénaire.
Philippe Gordian
→ équipe
texte et mise en scène
Philippe Delaigue
jeu
Thomas Poulard, Héloïse Lecointre, Jimmy Marais
Création sonore et musicale
Philippe Gordiani
scénographie et lumières
Sébastien Marc
aidé de :
Guillaume Vesin, Marion Gervais et Guillemine Burin des Roziers (accessoires) Gabriel Burnod et Gilles Petit (constructeurs)
Création costumes
Dominique Fournier
perruque
Christelle Paillard
Collaboration artistique
Léa Menahem
Avec les voix de
Léa Menahem, Éloïse Hallauer,Éloïse Seluka, Margaux Le Mignan, Pol Tronco
Crédit photo
Sébastien Marc pour La Fédération et Arnaud Jarsaillon/ Brest Brest Brest
Remerciements
Merci à Manon Falippou pour sa collaboration, à Manon Payelleville et Joseph Bourillon pour leur précieux concours, et à Oliver Maurin. Merci aux enseignants du lycée Jean-Baptiste Dumas à Alès, ainsi qu’aux élèves de 1ere et terminale spécialité Théâtre. Merci à Pierre Molimard pour sa bienveillante attention
→ production
Création
Avignon off 2016
production
La Fédération – Cie Philippe Delaigue
coproduction
Le Cratère – Scène Nationale d’Alès
La Renaissance – Oullins/Lyon Métropole
Avec le soutien de l’ADAMI et la participation artistique de l’ENSATT